3 ans déjà !
Trois ans qu'on est là les copains, trois ans qu'on regarde passer les saisons, les Noëls, les étés, les uns et les autres, ça va, ça vient, de la vie, en quelque sorte.
Trois ans que ce muret m'a sauvé la vie justement, quand rien n'allait, que tout était sombre, que je passais mes jours et mes nuits sur ce pc, que je voulais dire mais pas tout raconter, sentir et ressentir les émotions virtuelles pour ne plus avoir mal en vrai. Trois ans et 250 billets. Trois ans que je raconte mes petites histoires en vol, mes amis, mes enfants, mes amours, mes passions.
Amour, passion ? A ce sujet, je me disais ...
C'est toujours étonnant comme on est attiré par tout ce qui nous échappe, parfois même par ce qui nous repousse, en tout état de cause par tout ce qui nous fascine. Dans la fascination il y a l'intouchable, le démesuré, le lointain, le mystère aussi. On est plongé dans le plaisir pur, dans les désirs souvent interdits. Mais y a t-il réellement plaisir quand le désir est autorisé. La sensation de ne plus jamais vivre ce plaisir intense est vraiment forte, à faire rompre le cœur, quand le plaisir est un désir transgressé.
Je crois que quand on n'est plus fasciné, il manque une dimension au sentiment d'amour. Enfin, on aime fade, tiède, amical, ça peut être une forme d'amour aussi, ou un choix, celui qui esquive la prise de risque, celui qui garanti la non-solitude.
Pourtant, en regardant un peu autour de moi, et surtout avec ces années de recul, durant lesquelles ma solitude a parfois été un poids, parfois un soulagement, je vois trop de gens seuls à deux.
Ces couples me font peur. Et je me dis qu'ils ont choisi la solitude à deux parce que c'est vrai qu'être seul n'est pas qu'un état de fait, de société, d'air du temps, c'est aussi tout un apprentissage.
C'est apprendre à placer l'oreiller sur l'épaule de telle sorte qu'il ressemble à une épaule d'homme, c'est essuyer soi-même ses larmes les jours de grande fatigue, c'est faire les courses autant que la vidange de la voiture, rassurer des enfants en répondant au courrier administratif, c'est se faire des compliments en se regardant dans le miroir avec cette nouvelle coupe de cheveux.
Bien sûr que j'aimais bien quand c'était mon chéri qui me félicitait sur ces cheveux courts qui donnent 10 ans de moins, mais il n'empêche que je sortais de chez le coiffeur en me disant "j'espère qu'il remarquera" alors que maintenant je me regarde dans les vitrines qui jouxtent celle du coiffeur et je me souris en me disant que j'ai drôlement bien fait, mais qu'aucun homme ne me dira si c'est bien ou pas.
Vraiment vivre seule ça ne s'apprend pas en 2 jours, mais quand on maîtrise un peu plus, n'est ce pas trop difficile de revenir en arrière ? N'est-on pas devenus trop fermés ? Je me questionne beaucoup à ce sujet en ce moment, parce que je sens que l'habitude d'être seule s'est bien ancrée dans ma vie. Parce que la vie va de mieux en mieux, que les années noires sont sans doute enfin derrière moi. Alors si je regarde derrière justement, ça me colle un vertige monstrueux mais je vois surtout une chose, je vois une nana seule sur ces chemins tellement boueux, elle tangue, elle vacille, avec juste deux petits bonshommes qui pendent au bout de ses bras fatigués.
Alors oui, forcément, depuis quelques semaines, un vrai retour à une vraie vie normale, dans un vrai chez moi, ça me donne des ailes, et souvent, on me dit que la seule chose qui manque à ce joli petit cadre tout neuf, c'est un amoureux.
Si je me pose et que je réfléchis, je me demande si je saurais donner à un seul tout cet amour que j'ai stocké depuis si longtemps.
Moi je crois que j'ai toujours aimé les hommes qui ne voulaient pas de moi. Ou alors qui auraient bien aimé, mais dans une autre vie, celle d'avant ou celle d'après, sauf que moi, c'est celle-là de vie que je veux vivre.
Est ce pour cette raison que depuis quelque temps déjà je ne vis plus l'amour palpable au quotidien, l'amour qui pourrait être une vraie histoire ?
Ou bien est ce par crainte de l'abandon qui se produit toujours, que je m'accroche jusqu'à sentir naître d'éventuels sentiments ?
Je ne sais pas mais en lisant chez Olivier ce soir, le commentaire d'un de ses lecteurs, Manu, j'ai pris une claque en pleine face, en lisant ces mots :
"Est-ce qu'au fond, dans l'admiration de l'autre, on ne rejette pas une partie de nous-même qu'on a du mal à assumer ? Est-ce que la passion, l'emportement, la souffrance, n'est pas une maladie du moi qui s'oppose au véritable amour, lumineux et serein ? C'est ce que je me dis parfois, quand je rêve de tomber amoureux pour déranger ma vie."
J'adore, j'adore, cette vision des choses, rêver de tomber amoureux pour déranger sa vie, après avoir tant tenté de la ranger justement, de l'organiser, de la faire tenir debout. La déranger ? Ha oui alors ! Voilà bien un concept qui me plait !
Et voilà, ce qui fait que depuis trois ans, malgré les vents et les sales tempêtes, je suis toujours là, pour ces petites perles qu'on découvre de blog en blog, pour ces lectures qui font du bien, qui font avancer, pour ces invisibles qui ne savent pas à quel point ils peuvent sauver des vies en déroute.
Voilà pourquoi je ne me séparerais sans doute jamais de mon muret, même si je lui suis moins fidèle depuis quelque temps, il sait que je reviens, toujours !
En lisant un truc sur René Char, je suis tombée sur cet aphorisme :
"Dans la boucle de l'hirondelle un orage s'informe, un jardin se construit" Quelle belle image !
Et une musique que j'écoute bien en ce moment, c'est on the cool, c'est DJ Shadow et c'est 9 minutes !
Bon week end, moi je file au pays du chocolat !