Mon road movie du jeudi.
Il était plutôt marrant avec ses blagues balancées à la volée, comme ça au froid, sur le trottoir.
Elle avait l'air gênée par ses blagues balancées à la volée, comme ça au froid, sur le trottoir.
J'ai observé un moment, pensant qu'il s'agissait d'un couple "classique", les enviant presque, comme on envie les couples heureux. On était tous en avance pour la séance, et je ne savais même pas ce que j'allais aller voir. Alors j'ai regardé les affiches en les écoutant du bout de l'oreille, cachée sous mon bonnet. Puis je me suis décidée pour une affiche qui disait, Jude Law, Norah Jones, Road movie, ça va, j'ai envie de ça, c'est bien ...
Dans la longue attente qui nous faisait regarder la porte d'entrée avec délice, je furetais ; une clope, de la lecture, des regards à droite, à gauche, puis je revenais toujours à eux. Il était beau, enfin, de ces beautés qui moi me touchent, le regard vif, le sourire endiablé, le geste lèger, et ses vannes me faisaient de plus en plus marrer, mais pas elle. Je me suis dit que peut être elle n'aimait pas ça, que peut être elle avait ses règles ou une migraine vorace, ou que peut être elle ne comprenait pas. Mais pour finir, ce sont mes éclats de rire qui sont venus faire écho à ses bêtises de mec désopilant, c'était gênant, en plus il avait un petit air de Jude Law en vachement plus brun, c'est dire si il n'était pas mal ...
( oui oui, ce blog reste un blog fumeur, d'façon un muret c'est aéré alors bon ...)
Puis ils sont entrés dans la même salle que moi, " My blueberry nights ", se sont installés dans la rangée à côté de moi, et j'ai assisté sans le vouloir à une conversation des plus intéressantes. En réalité, ils ne se connaissaient pas, enfin je veux dire, c'était une rencontre internet, il en a parlé, sans doute leur premier rendez-vous galant après des heures de mails échangés, sans doute une demande du monsieur, tant la jeune femme avait l'air de ne rien comprendre à la scène qu'elle vivait, et finalement le cinéma, c'est une bonne idée pour faire connaissance, on est dans le noir, et on ne parle pas ...
Nos regards se sont croisés plusieurs fois, il avait envie de faire rire quelqu'un mais à la base ça ne devait pas être sa voisine de strapontin...
Puis la voix de Norah Jones a doucement enveloppée la petite salle, je me suis plongée dans l'histoire en les oubliant.
Solitudes, ruptures, souffrances, départs, traversée des Etats-Unis à la recherche d'une paix intérieure, amitiés, douceur, mélancolie ... un mélange de sentiments assaisonnés, Cat Power, Ottis Redding, Norah Jones. Du décallé entre les sentiments des uns et des autres, du temps qui passe sous forme de kilomètres, des petits rituels qui entretiennent les grandes émotions, j'ai retenu une chose : La solitude peut vite devenir un puits sans fond.
A la scène finale, mon voisin, que j'avais oublié, se lève et quitte la salle en me souriant gentiment, tandis que la jeune femme reste assise jusqu'à la fin de la bande sonore, on sortira ensemble. Sur son visage, aucune trace d'émotion visible, heureuse, déçue, bouleversée, distante, je ne sais pas, peut être a-t-elle pris elle aussi la mesure de cette solitude qu'elle tentait de combler ce soir en allant à la rencontre de son Prince Charmant virtuel. Peut être a-t-elle aussi ce besoin d'aimer au fond des tripes, sans savoir l'exprimer, je ne sais pas, mais un truc est sûr ...
Il avait un petit air à la Jude Law en vachement plus brun, c'est dire si il n'était pas mal ...
Ha bon ? je l'ai déjà dit ? vraiment ? Bon, je crois qu'il est l'heure d'aller au lit, alors.
Tiens, Norah Jones revisitée ... et c'est vachement bon !