Petite histoire épidermique.
Souvent on est tenté, et souvent on reporte.
Pourquoi ?
La peur !
Peur d'être différente, peur de regretter, peur de ne pas plaire. Et un jour on se dit que se plaire à soi ce n'est déjà pas si mal, alors on a moins peur.
Et puis l'idée se fait un petite place dans la tête et devient de plus en plus présente. Il fait un dessin, un second. Et là, c'est ça, exactement ça. Il avait tout compris de mes attentes, de mes envies.
Des pleins, des déliés, des courbes, des droites, des éclaboussures, des ressacs, des petits points comme des perles de soleil qui brillent sur l'écume, des petits traits en retrait comme des larmes égarées sur la houle ...
Elle est là ma vague ! Elle devient réelle, et vivante.
Puis une lecture qui vient confirmer la tentation, le pourquoi de cette envie, le pourquoi de ce dessin là. Les sensations corporelles, l'encre couleur ou noire, l'emplacement. Toute la stratégie du choix, au départ inconscient qui vient trouver une explication naturelle, la vie, tout simplement. On grave sur sa peau, les événements qui nous ressemblent, nous marquent, qu'on veut bien laisser voir, ou juste apercevoir ou ceux qu'on veut cacher. L'emplacement n'a rien d'innocent.
Le tatouage d'une femme, je le perçois intime, sensuel, dévoilé par une presque nudité, comme un sous-vêtement. Seul celui qui sera élu, le verra.
J'ai vu de belles gravures de femme sur des chevilles, des nuques, des pieds (les endroits pour lesquels j'ai hésité au début de ma réflexion) tout en finesse, mais j'ai choisi de le laisser errer ailleurs. En tout cas, ce premier (et pour le moment unique, mais... "principiis obsta") il est pudique et se cache.
La douleur, je la craignais, mais elle n'a pas arrêté l'envie.
Bien sûr ça pique un peu, beaucoup à certains endroits, mais ce qui est étonnant, c'est qu'à quelques centimètres d'intervalle, cette sensation de piqûre devient presque douce, comme si les aiguilles ne faisaient qu'effleurer. Puis un centimètre plus bas, c'est douloureux, variation énigmatique de l'épiderme, comme un mystère. J'ai serré les dents souvent, transpiré pas mal, mais j'ai aussi eu quelques moments presque agréables.
A l'issue des deux heures de travail, j'ai vu un tatoueur épuisé, physiquement et nerveusement, c'est vraiment un étonnant métier, et une belle découverte, qui rejoint l'image que je m'en étais faite à travers mes lectures.
J'aime les êtres atypiques, comme ce peintre aux aiguilles encrées.
Je suis désormais différente, comme je l'avais pressenti pendant ces années de réflexion, mais je suis heureuse de cette différence, c'est comme si je marquais ad eternam ce ressac dont je suis habitée depuis toujours et pour toujours ... Maintenant qu'il est sur ma peau, il peut peut être sortir de ma tête !
Et une pensée douce mais apaisée à celle qui nous quittait il y a un an ...on n'oublie pas, on n'oubliera jamais ce tatouage dans le coeur ...
Découvrez Kate Havnevik!
Un petit quelque chose d'Imogan Heap qui me plait bien, la sensualité sans doute...