Mon tour du monde.
Levée 6h15, comme chaque matin, aujourd'hui je prépare tout minutieusement, je ne veux rien oublier, lunettes, road-book, check-list, cabas avec bouteille d'eau, petit en-cas pour la fringale de milieu de journée, je pars en voyage ...
Après avoir déposé les nains dans leur lieux de vie respectifs, je file, on décolle à 10h. On sera les premières devant les portes vitrées.
Petit café au soleil en terrasse, dans les premiers rayons du soleil je le regarde, il était beau ce vieux tribunal pourtant. Pourquoi lui avoir préféré un bloc collection paquebot en robe gris métallisé ?
Je sais bien que la crise du logement fait parfois construire des bâtiments à la va-vite, mais la vieille pierre, c'est quand même plus joli non ? Je tente de le dire au patron du bar déjà bien bavard, mais les résultats sportifs du jour doivent être importants parce que je crois qu'il ne m'entend pas, et continue à parler foot ...
Bref, l'heure approche et je trépigne.
« Je voudrais savoir ce que sont devenus tous mes départs,
ce qu'ils ont fait de moi. »
Claudie Gallay
(Brume d'ici)
Enfin nous y sommes. On se débarrasse de nos sacs, de nos vestes, de toute façon la rosée matinale a disparue depuis longtemps. Et on s'installe, dommage on n'est pas à côté. Pas grave, on sait qu'on va profiter comme des gamines de cette journée magique.
Première halte dans le brouillard de Lons-le-Saunier, j'en rêvais, je jubile. Mais déjà on m'appelle pour Paris, un stop dans un bistrot à Joing-Les-Deux-Bouts, puis direction Marseille. L'ambiance est survoltée, il y a du sang partout, je me demande si il n'y a pas eu un meurtre par ici ... A peine le temps de boire une gorgée d'eau me voilà à Londres pour écouter des chants dans une synagogue, en passant par la Hongrie, l'ex-Yougoslavie, le Japon, la Chine à la rencontre de deux frères, la moiteur odorante de la Louisiane, le piquant du soleil de Toscane, le Pérou, la Patagonie, la vitesse puissance douze de New-York, un petit saut de puce en Californie, un drôle de Mozambique introuvable et même une île avec des musées ...
En fin de journée, je ne tiens plus sur mes pieds, alors je m'installe en tailleur par terre, je suis bien, là, dans mon univers. Toutes ces images en une seule journée, tous ces gens si différents mais qui se ressemblent dans leur humanitude, tous ces parfums d'ailleurs, même la brûlure dans mes yeux est douce. J'ai rêvé. Et je vais maintenant faire rêver mes autres, ceux qui attendent avec impatience la petite centaine de nouveaux livres choisis pour eux aujourd'hui.
J'ai un petit faible pour le Polichinelle de Lons-le-Saunier, j'avoue, alors je retourne dans le Jura et je vous envoie des cartes postales, promis juré.
Et puis ce soir, j'ai pu dire pour la énième fois à mes loulous, qu'on a la chance de pouvoir voyager pas cher dans nos lectures, et qu'il faut savourer. Je crois qu'ils savourent.
Tiens j'entends un pays qui tombe dans la chambre à côté, sûrement qu'une petite main s'est lassée de le tenir pendant que son voyageur dormait.
« Il y a plusieurs manières de partir, parfois on quitte,
d'autres fois c'est pour rejoindre, et puis il y a les départs
inattendus, sans valises, sortes de fuites animales
qui nous poussent vers l'ailleurs. »
Claudie Gallay, encore ...à propos du voyage.
Et puis Satie pour le voyage musical du soir ...
Découvrez Erik Satie!