Sac de billes.
Hier, adossée contre un platane, mélodies jolies dans les oreilles, je regardais mon grand et ses copains dans une partie de foot endiablée, c'est drôle comme c'est facile à occuper des garçons, un ballon, quatre casquettes pour matérialiser les cages, quelques bouteilles d'eau et c'est parti pour 3 ou 4 heures à courir après cette grosse balle de cuir, avec juste une pause pour jouer aux billes... Quelle surprise de les voir jouer aux billes ! J'ai cru un instant m'être égarée dans mes 10 ans ...
Et je pensais, à la vie, aux années qui passent, aux enfants qui grandissent envers et contre tout, qui encaissent les coups mieux qu'on n'aurait osé l'imaginer, quels adultes seront-ils ? Se souviendront-ils de ces parties de foot avec les copains de la primaire ? Se souviendra-t-il, lui, de ces 10 ans, où, entre un but et une faute, il jetait des regards furtifs à cette maman adossée à son arbre, le nez dans un livre, la tête ailleurs, guettant un sourire, un rire aussi, guettant simplement le bonheur de vivre à l'ombre du platane.
Trés égoistement, j'aimerais qu'il ne se souvienne que de ces moments là, ceux de mes sourires à le voir heureux, pas du reste...
Je ne me souviens pas vraiment de mes 10 ans. Je cherche, je fouille dans ma tête, mes parents étaient-ils présents ce jour là ? Peut-être que j'avais passé une jolie journée avec mes "meilleures copines", peut-être pas. C'est dommage, même si ça n'empêche pas de vivre. Mon frère me disait un jour qu'il n'avait aucun souvenir jusqu'à son adolescence, j'ai été surprise, mais finalement, je m'aperçois que les miens démarrent vers dix ou onze ans.
Sauf un, un qui revient souvent, je devais avoir quatre ans et je plantais mon petit nez de fille dans la barrière d'hortensias qui ornait la terrasse de la maison, je cherchais déjà le parfum de cette fleur qui n'en a pas ... J'ai passé mon enfance dans cette barrière d'hortensias roses, sans jamais trouver le parfum que j'ai bien dû imaginer, qui a bien dû me faire rêver pour qu'aujourd'hui encore, je me retrouve perchée au dessus d'un bosquet d'hortensias roses, ronds et doux comme le ventre d'une femme, sans autre odeur que celle qu'on veut bien lui accorder.
Depuis cet âge, j'ai l'oeil qui sourit quand j'en aperçois. J'ai même appris comment en faire des bleus. Et ceux qui me connaissent m'ont toujours entendu dire, que quand je serai vieille et que mes loulous n'auront plus besoin de moi, je regarderai l'océan depuis ma petite cabane aux hortensias bleus ... Finalement, on n'a pas besoin d'avoir beaucoup de souvenirs pour fabriquer des rêves, et peut-être que je ne l'aurai jamais ma cabane murée de bleu, mais qu'importe, je l'aurai imaginée une vie durant, mon petit nez de fille à l'abri dans le coeur d'une fleur sans odeur, que celle de mon souvenir d'enfant ...
Et peut-être même que mon grand se souviendra, lui, de cette journée où sa maman fredonnait de douces notes, adossée à son arbre, et que, dans sa future fabrique de rêves, il verra grandir un platane, là où je vois pousser des hortensias...
Et pour se rappeler que le temps passe, je retrouve enfin ce qu'on appelait dans les années 90 (ouh la que ça fait vieille bique de parler comme ça) l'Acid-Jazz, et qu'on nomme désormais l'Electro .... les mots changent, mais les notes sont les mêmes, qui font danser les pieds nus dans le sable, je m'en souviens encore trés bien de ce concert, je suis pas encore fossile !