Ma cachette au fond des bois ...
C'est une de mes cachettes préfèrées quand tout est trop lourd en bas.
C'est un endroit de Paradis, où toute pensée devient méditation, comme cette chanson "la vie ne tient qu'à un fil, au fil de l'eau qui court entre mes doigts, on ne retient jamais l'eau entre ses doigts, retiens ça ". Au bord du torrent je pensais à ça justement, à cette eau qui court entre nos doigts, et qu'on essaie toujours d'attraper, comme des enfants, en refusant de comprendre l'impossible logique de l'eau...
C'est un endroit enfoui dans la fôret, je laisse la moto en bas du chemin et je grimpe, je m'enfonce dans ce nid accueillant, il me berce, enlace mes pensées les plus étouffées, et sous l'emprise des arbres, je m'allonge, inlassablement, les mêmes réflexes. Quand j'en ressens le besoin, je vais là bas, je me laisse étreindre par le vent qui danse dans mes cheveux, la caresse des branches sur mes épaules encore chaudes de la ville, et je respire le torrent qui coule, cette eau que je regarde filer jusqu'en bas, loin, si loin... elle accroche souvent quelques goutelettes à mon visage, comme pour dire, "sens comme c'est doux".
La mousse si verte au pied de mon arbre, me fait comme un édredon de paix, et je sais que quelques plumes resteront accrochées à mes cheveux, je les ramenerai avec moi, comme un trésor.
Et la lumière qui se trace une vague dorée entre les feuilles chavirantes, pique mes yeux jusqu'à les laisser s'embraser, l'eau qui se met à courir naturellement comme le torrent, vient tendrement en apaiser le feu.
Alors je pense à ceux que j'aime, à ceux qui me manquent, à ces notes qui tanguent dans ma tête, à elle, qui va enfin croiser un père, à cette vie qui fait des courants d'air, pour éviter qu'on étouffe, à elle qui n'arrive pas à avoir d'enfant, à cette nuit où je serrerais encore mon oreiller contre moi pour avoir une impression d'amour, à cette grand-mère qui a oublié les 10 ans de son petit fils, à celle qui me manque toujours, chaque jour, à cette eau qui court entre mes doigts, et puis à rien, c'est bien aussi de penser à rien, ça comble les riens.
Et je me fais surprendre dans mon rien par un minuscule oiseau, sûrement décidé à me faire sourire, alors je souris parce que j'ai envie d'être jolie pour lui, notre entrevue est éphémère, autant qu'il en garde le meilleur souvenir...
J'aime bien ma cachette au fond des bois, au bord du torrent, elle me donne toujours les mesures de la vie, on nait seul, on meurt seul, le reste du parcours nous sert à remplir nos riens, pour imaginer que de nos petits riens on a fait des pleins, tout en délié.
Douce mélancolie d'une fin de journée d'été.
par ce que je viens de tomber sur cette version de Imogen Heap que j'aime tant, et que ça cadre bien, là.