Le muret à la parole !
Tremblements de peaux épiées, au travers de vieux clichés retrouvés.
"Arrêtez le monde, je veux descendre !"
Je ne sais pas si c'est l'approche de la nouvelle dizaine, mais je me sens un brin parachutée dans l'avant, depuis quelques semaines. Dans l'avant eux, dans l'avant toi, dans l'avant moi d'aujourd'hui, dans l'avant-hier, dans l'avant nous. Et tout défile, inlassablement, enfance, adolescence, parents, frère, maternités, mariage, divorce, décès, amours, amants, amis ... Tout. C'est épuisant tous ces gens qui s'invitent dans ma tête, tout ce mélange. Si seulement ils avaient pris soin de s'organiser, je n'aurais pas tout le monde en même temps. Un à la fois, ça me semblait être une bonne idée, mais j'ai l'impression que là, on ne me demande pas mon avis.
Il y a des moments où l'envahissant mémorial s'impose à moi, comme ça, sans prevenir, et ça fait un bien joli remue-ménage dans le grenier à pensées !
C'est d'abord de la poussière qui tombe en gros nuages de mots, puis ce sont des poutres que je découvre légèrement fendues ou complètement bouffées par les termites, va falloir penser à réparer ça avant que tout s'écroule sur ma tête. Et puis c'est la fuite sous le toit que j'aperçois, alors qu'une tuile s'est fracassée, là, juste sous mes pieds. Et je ne parle pas des petites fuites colmatées ça et là au gré des années, ni de l'envie que j'avais de bricoler (ou pas) à ce moment là.
Non, papa, s'il-te-plait, laisse ça, je vais m'en occuper, fais comme d'habitude, reste où tu es, cherche pas à comprendre.
Ha, et puis cette cave à pensées. C'est assez impressionnant ce qu'on peut entasser dans les caves. Des vieilles lettres d'amoureux du collège, le micro slim d'un noir bien usé, mais qui revient à la mode avec la tectonick ( Merde, ça me rappelle quand ma mère me disait " Ha sympa ta robe vichy, j'ai porté la même dans les années 60 !). Le pin's des Rolling Stones un peu rouillé, mais ça aussi, ça revient, le pin's ! Les cahiers un peu écornés du cours préparatoire...
Maman, c'est la vraie année qui est notée là ? 1973 ? Mais c'était le siècle dernier ?
Oui mon coeur, c'était le siècle dernier, oui .....
Allez-vous cesser tout ce tohu-bohu là-haut oui ? C'est insensé la place qu'ils prennent tous ces invités. Enfin c'est toujours les deux mêmes qui s'escriment à dire que j'ai un caractère de merde, comme si on ne le savait pas encore, depuis le temps, ou alors ils commencent à se demander si ils n'ont pas un peu éxagèré, va savoir ! Ces deux-là qui ont laissé à la cave, la malle des responsabilités, au siècle dernier, oubliant sans doute qu'un enfant, quelque soit son âge, c'est un cadeau qu'on s'est fait pour la vie, et qu'on est censés l'aimer comme il est ...
Ces deux-là qui se sont incrustés comme des invités permanents dans ma charpente poussièreuse, mais que j'éspère bien déloger un de ces dimanches soirs ( Oui, chez moi c'est le dimanche soir, pour ceux qui auraient oublié) de triturage de cervelle.
Quand je cherche dans mon carnet d'adresses, la rue de mon ancienne ville, je vois défiler une bonne vingtaine de paysages, des montagnes, la mer, l'océan, la campagne, la ville, et toujours les mêmes cartons qui me suivent et font à chaque fois office de décoration intérieure, mes livres étagère-cloison-meuble d'angle, parfois même nid à poussière. Mais je ne trouve pas ça moche un livre poussièreux, c'est comme une bonne bouteille, on passe devant, on la regarde, mais on attend l'occasion, la bonne, pour oser la toucher, pour enfin l'ouvrir.
Et puis dans ce vieux carnet d'adresses, des noms avec 25 ratures et autant de numéros de téléphone, et d'autres, intactes. Il y a les sédentaires, il y a les itinérants. Et puis il y a ceux dont on ne se souvient plus du visage, mais pire encore, il y a les visages sur lesquels on ne peut même pas gribouiller un nom, juste un prénom, le reste a foutu l'camp, avec les années, les déménagements ...
J'aime pas les bilans, juste parce qu'ils ont un côté définitif qui ne me convient pas. Alors j'aimerais bien que cette invasion mémoriale (oui, j'ai envie de mettre l'envahissant mémorial au féminin) me laisse un peu de place pour vivre la deuxième moitié de la vie qui se pointe, avec la passion qui m'habite plus que jamais !
J'ai tout le temps dit que ça m'était égal de vieillir, mais là, je ne sais pas, c'est comme une maladie qu'on choperait pour plus s'en défaire, et j'ai pas bien envie d'attraper la quarantonite aïgue, en vrai ! J'ai réalisé ça ces jours, et j'ai quatre mois pour m'y faire !
En attendant, et tant que je peux encore me baisser, je vais continuer de gratter sous les pavés, sait-on jamais, si je trouvais la plage ?.......
Ha ! Au fait, je cherchais des concerts à NY, et vous savez qui se produit pendant notre séjour ? hein ?
André Rieu ! C'est pas d'la veine ça !