Carte postale des montagnes.
Thé ?
Aujourd'hui c'est "Thé des concubines", je n'ai plus de ce délicieux "Thé des amants", désolée.
Madeleines bâtons ?
Vous battez pas, il n'en reste que trois.
Et musique baroque pour les amateurs.
Voilà. Quelle belle errance dans un week end pourtant mal parti.
Il n'y a pas si longtemps, je racontais mes fabuleux voyages dans les pages de mes héros. Et en fin d'été ce voyage qui me faisait oublier l'heure des repas, oubli vite réparé grâce aux hurlements des nains.
Ce livre qui a déferlé sur mon existence comme une vague énorme.
Tu crois aux hasards toi ? Moi, non, et depuis bien longtemps. Je crois au destin, aux rencontres, aux croisements.
Cette semaine, dans ma région, se déroulait un heureux croisement des genres. Des auteurs venus parler de leur écriture. Avec un thème qui bien sûr ne pouvait pas me laisser indifférente.
Partir.
"Partir pour fuir ou pour construire ?"
(et tout poser pour voyager léger, c'est pas mal non ?)
Deux jours à écouter, à déguster des mots. Des mots comme des récits, des mots comme des contes, des mots qui font mal tant ils résonnent au fond des tripes, des mots qui font sourire. Des mots comme une errance au centre de nos questions.
Des partances vers une ville magique, la seule au monde à porter un nom aussi symbolique que son histoire, celle de sous-couches de cultures entassées siècle après siècle : Byblos, c'est fort quand même ! T'imagine partir en vacances à Livre. T'as fais quoi cet été ? J'ai foulé Livre de mes tongs. T'as découvert quoi dans ton voyage ? J'ai parcouru Livre en long en large et en travers ....
Des stand-by au point zéro du monde, ce point situé au croisement de l'équateur et du méridien, et qui se nomme São Tomé ou l'ïle Chocolat, juste le temps d'écouter l'histoire de cette culture et de la vie là-bas.
Des égarements dans des bois en forme de cercueil, des bois dormants, entre conte fantastique et triste réalité. Partir pour se perdre. Partir pour ne pas revenir.
Des échappées fugaces en forêt pour se trouver, partir à sa rencontre, pour retrouver les autres, et tourner les pages d'un temps passé.
Mais partir, s'imprégner d'un lieu, d'une mer qui te crache ses vagues à la gueule, partir pour s'imbiber de la solitude salvatrice, du climat, et renvoyer comme la vague, cette histoire bouleversante.
Si pour nous lecteurs, lire c'est voyager, c'est qu'il y a eu des passeurs d'émotions, de sons, d'odeurs, des colporteurs de cultures, comme l'a si joliment dit l'un des écrivains. Et dans la valse hésitation qui me prend la main pour l'approcher, je plonge juste dans ses yeux pour me donner la contenance que je ne trouverai jamais, parce que définitivement je m'en sors mieux à l'écrit qu'à l'oral des émotions. Son sourire me suffit, elle est belle comme ses livres. Et je crois bien qu'elle non plus n'est pas très à l'aise devant un public, elle a un petit geste troublant avec ses cheveux, elle les tourne, les tortillonnent, les fait revenir devant et les replace derrière.
J'ai pu lui dire, ces mots que j'ai couché là, en bien plus décousu, et en 2 minutes 12 pour pas jouer les groupies, juste lui dire que je l'aime, voilà, j'ai pu lui dire, et ça m'a fait un bien fou.
On se demande souvent "Qui suis-je ?" mais se demande-t-on aussi souvent "Qu'est ce que je fais là ?"
Je me demandais encore ce matin "Mais qu'est ce que je fais là ?" Et souvent se présente à moi l'éternelle réponse "J'ai envie de partir, d'être ailleurs, de respirer un autre air, de voir le monde, d'être loin d'ici."
Alors quand Jean Yves Loude dit que voyager c'est partir vers l'humain, partir c'est agir, agir pour écrire, pour jouer un rôle dans l'humanité, et c'est aussi partir avec les 5 sens comme bagage, j'acquiesce, quand Fabienne Juhel se demande s'il faut se perdre pour écrire, j'acquiesce, quand Sylvie Aymard dit que marcher jusqu'au vertige porte les mots comme des fontaines prêtes à jaillir au retour, j'acquiesce, et quand Claudie Gallay dit que ne pas avoir peur de partir, c'est aller vers sa liberté, sa liberté de rencontres, c'est ne pas avoir peur d'ouvrir les bras, je me lèverais presque de cette chaise si peu confortable pour lui tendre les miens ...
Tiens, on dirait que le thé est froid maintenant. Tant pis, et en plus j'ai terminé les madeleines bâtons.
Juste fermer les yeux et à la fin du voyage aller faire un tour ici.
Découvrez Johann Sebastian Bach!