Je ne dois pas.
Je me demandais ce que j'aimais dans l'art contemporain, et à force d'y réfléchir, j'ai compris que justement c'était qu'il me faisait réfléchir.
Lors d'une expo qu'on est allé voir à Lyon pour Noël avec les nains, je lisais des mots de l'artiste qui m'ont plu et qui disait la nécessité de prendre position.
Aparté pour coller ce chef d'oeuvre parce que je ne vois pas où le mettre plus loin ... (hou là quelle drôle de phrase)
Question art, ça c'est quand je me prends pour une impressionniste en rentrant du marché dominical et qu'un primeur m'a refilé son stock de bananes (23) pour 1 € !
Kendell Geers donc, l'africanner qui a détourné les objets, les symboles, les religions, les codes sociaux et la morale, m'a plus qu'impressionnée.
Des symboles religieux comme un crucifix, une statuette africaine ou un bouddah, ou bien des icônes des temps modernes comme Lara Croft, complètement enveloppés dans du scotch de signalisation rouge et blanc, qui nous laisse à penser "Attention danger" ou "Gardez vos distances". Des barbelés ornés de lames de rasoirs et utilisés pendant l'Apartheid deviennent un labyrinthe dans lequel on doit passer en premier pour accéder au reste de l'expo, des gros cœurs au mur représentés par des matraques, un nouveau passage tracé en forme de crucifix au milieu de sacs mortuaires qui nous rappellent comment on va finir. Une odeur tenace nous prend au ventre, c'est déroutant.
Geers se définit comme un terroriste de l'art, il montre la violence de manière punk. Mais pas certaine qu'il en fasse une simple dénonciation, il joue plutôt sur nos cordes sensibles gavées à la sécurité et à la non-violence, alors qu'elle existe de manière physique ou éhontée et sous-jacente !
Quand on emmène ses enfants visiter une expo semblable, il faut vraiment accompagner leurs découvertes, comme ces immenses FUCK qui recouvrent la Victoire de Samothrace ou le visage de Kendell Geers. Et par moment, je me demande si j'ai assez bien expliqué les termes évoqués par l'artiste...
Ce mec est étonnant, il a un humour qui décape, et ose des choses complètement insensées, mais j'adore et en cherchant des infos sur lui je suis tombée sur le blog d'un critique d'art, tout simplement génial !
« Je suis un Africain blanc vivant dans une époque dans laquelle des gens armés de lames de rasoir peuvent s'écraser dans les bâtiments les plus puissants du monde. Une époque dans laquelle quinze millions de Sud Africains ont le Sida. Une époque dans laquelle les Etats-Unis peuvent déclarer la guerre en Irak sans raison autre que d'accomplir leur propre désir. Une époque dans laquelle la pollution des Etats-Unis provoque des inondations en Europe et des sécheresses en Australie. Je vis dans un temps de contradictions dans lequel la Contradiction, la Vérité, le Désir, la Passion et l'Anarchie ne sont plus que des noms de parfums. Je vis dans l'âge de la reproduction digitale dans lequel la vérité n'existe désormais plus dans une image, dans lequel chaque image peut être modifiée et changée, quiconque peut être effacé ou inséré dans l'Histoire. » Kendell Geers.
Bon bref, je voulais parler de l'art urbain et je suis partie sur l'art contemporain, tant pis et tant mieux, mais soudain je me demande si je ne devrais pas emmener les nains observer des asperges et des navets façon impressionniste, il y aurait sans doute moins de conséquences ...
Musique : rien à voir, mais surréalisme délicieux. David Lafore et ses mouches.
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