Cherche aventure sans ver pour passer l'hiver.
Tiens j'ai reçu le nouveau catalogue Ikea ; Billy se porte toujours bien. Tant mieux pour Billy.
Et puis j'ai lu ce matin que nos amis les bêtes avaient obtenu les noms de certains vilains petits canards, tant mieux pour eux, tant pis pour les autres.
J'ai pas envie de savoir.
Pas envie de savoir comment va le monde.
Une nouvelle année scolaire démarre ? Oui encore une, et puis quoi ? L'avenir semble-t-il plus intelligent et plus sûr en étudiant ?
Des projets de boulot ? Oui à en faire craquer les poches. Et puis quoi ?
Je ne sais pas.
Comme une sensation qu'un temps s'est arrêté là, avec les derniers rayons de chaleur.
Bientôt 2 ans qu'elle est partie et nous à ses côtés, tous serrés, on s'est promis, la vie.
Et puis quoi ? Plus rien.
J'ai plus rien à dire là-dessus, je crois.
Plus rien à dire de ce que je suis au fond, de comment marchent mes tripes, trop dit peut être, ou alors je ne sais plus dire.
Mais non, j'ai pas envie de savoir comment va le monde.
Juste envie de garder, re-garder encore le bleu et le rose à la façon du nain qui se transforme en photographe.
J'ai eu la chance de passer encore une semaine avec ma copine dont le cœur bat du même côté que le mien, du côté de la case vide. On se disait que ça devenait terrible, mais qu'à force d'avoir eu mal, on devenait comme, presque bien installées dans nos solitudes. L'amour manque, c'est un euphémisme, mais on a fini par trouver des pièces confortables au pays du vide et on a le salon papotage souvent bien aéré.
Il y a toujours les gens heureux autour de nous pour nous rappeler que ça existe, mais il y a aussi quantité de gens malheureux qui s'accrochent toujours à cette idée de trouver l'autre et qui souffrent.
Nous, c'est comme si on avait cessé de chercher.
Forcément on nous dira que c'est quand on ne cherche plus qu'on trouve. C'est rigolo quand même comme théorème, non ?! Moi si je ne cherche pas mes lunettes, je suis sûre de ne pas les trouver.
Alors, quand enfin je les ai trouvées, je me jette corps et corps (ben oui, tout ça) dans le dernier livre d'un de mes auteurs fétiches, Cyzia Zÿké, "Oro & Co" (mais il fera peut être un 2nd tome, allé Cyzia, pour le plaisir !)
L'aventurier de mon cœur. Zÿké c'est un dingue, un vrai personnage de BD qui vit dans la vraie vie. Un chercheur d'or, un contrebandier, un jongleur de lois, un amoureux des femmes. Zÿké c'est lui :
Il vit depuis ses 20 ans, à coup d'aventures, mais pas de l'aventure au GPS de compét' hein, non, de l'aventure en pirogue au ver macaque qui pique, plutôt. C'est bizarre mais quand j'avais lu Oro, Sahara et Parodie, je ne pensais pas qu'un jour ce gars cesserait d'écrire. Et puis je suis tombée complètement raide dingue de "Buffet campagnard" (bon courage pour le trouver en librairie parce qu'on trouve encore ses œuvres autobio, mais pour ses romans, c'est le parcours du combattant, faut l'aimer ou le quitter !) Du coup, ce type est devenu un auteur que j'ai cherché désespérément dans les rayons libraires depuis 20 ans. Et quand je cesse de le chercher, paf il sort un dernier livre, celui qui va boucler son aventure éditoriale comme il dit.
Alors tu vois bien que quand on cesse de chercher, on trouve ...
Oui mais là c'est exceptionnel, c'est Zÿké, bordel !
Bref, dans ce dernier livre, il raconte un peu comment il s'est mis à écrire et il raconte beaucoup l'organisation de son dernier grand projet, la ville de ses rêves, le lieu de tous les plaisirs, celui où les chercheurs d'or pourront claquer leur fric ... Avec pour emblème une statue de lui, majeur pointé vers le ciel, joint aux lèvres et chevauchant un âne à l'organe démesuré (un âne, quoi) parce que Zÿké dit que :
" ... mon étude des femmes, entreprise dés mon plus jeune âge, m'a amené à comprendre que le sexe du mâle était à leurs yeux le plus bel objet existant au monde et que mon bourricot est une sorte d'hommage à leur bon goût." Voilà, voilà.
J'ai senti la moiteur de la Guyane, grincé des dents avec le ver macaque qui gravite sous la peau, eu la nausée à la description de la vie des clandestins de la fôret. Et puis eu mal au ventre en lisant les aventures de notre Président de la République (qui offre un moteur à un gars pour le récompenser de son gros score aux municipales, sauf que le gars après, "il se fait quelques kilos d'or en louant le moteur présidentiel "aux clandés et n'écopera que de quelques mois de sursis et d'une amende) . Puis j'ai serré les fesses la nuit sur la pirogue, navigué entre garimpeiros et orpailleurs, dormi dans des carbets, bouffé des fayots, bu de la bière et fumé des joints en pagaille !
Alors oui il a ses détracteurs, mais moi je dois faire partie des sans-cervelle qui ne pigent rien à la vie et qui s'évadent encore en le lisant, mais j'aime autant Zÿké que Robinson Crusoé et je l'assume. Lire c'est, si possible dans une langue maîtrisée, riche et pas prise de tête, mais ça peut aussi être une forme orale ou argotique de littérature, comme j'ai aimé Pierric Bailly avec Polichinelle pour son rap'and'roll slamé par exemple. C'est peut être aussi le pendant d'un monde qui ne fait que promettre du vent non ? J'aime bien l'authenticité de ce mec là et j'aime bien les mauvais garçons qui semblent inaccessibles. C'était vraiment muito bom, même si ce n'est pas dans les palmarès des ventes de l'été.
Je suis sortie épuisée de cette aventure, mais épuisée parce qu'une fois dedans, je ne pouvais plus partir, fallait finir ! 48h à m'essouffler avec lui !
Et comment je dois aborder le quotidien maintenant que je suis rentrée hein ? Et surtout, comment je peux vivre avec l'idée que je ne lirai plus jamais de nouveau livre de Zÿké ???
C'est peut être bien pour ça le blues, en fait.
Alors je vais plonger ma tête et mon cœur dans l'aventure fantastique d'Estelle Nollet que les sites pros nous comparent déjà à du MacCarthy au féminin. Ma Tortue qui l'a lu en avant-première, n'entendait même plus quand je faisais couler le vin dans son verre tant elle était plongée dans sa lecture, c'est dire ! Alors je retourne dans le désert, plonger dans les textes hallucinants de la petite, qui officiait là et là pour ceux qui ne la connaissent pas encore.
J'ai comme un vent d'aventure qui me souffle dans la nuque là, serait-ce un signe ? Un signe que je dois passer à l'aventure donc !
Oui mais non, j'ai trop peur du ver macaque moi maintenant !
Et puis du son tiens, avec ces gens là, m'sieudames ! Karimouche pour vous servir et si d'aucuns veulent l'écouter avec moi, le même soir que Amazigh, le chanteur des Gnawa, ce sera le 16 octobre à Grenoble pour le Rocktambulle, et j'ouvre volontiers la porte de la maison, aux bons entendeurs ...
Et là tout de suite, celle qui me fait chavirer, va savoir pourquoi. Peut être juste parce que c'est beau, tout simplement.