Oz sans le magicien.
Des notes de piano fugaces m'envolent vers lui, vers le si lointain lui ...
Cette caresse musicale pour nous rapprocher un peu, je l'aime.
Comme j'ai aimé en une seule seconde le regard qu'il a posé sur moi. Je n'oublie jamais les premiers regards échangés, jamais.
Lent et douloureux automne de la vie qui arrivera bien assez tôt, je me souviendrai toujours, de ces feuilles mortes que nous n'avons pas ramassé à la pelle parce que nous avions à nous serrer fort dans les bras.
Histoire sans nom, mots-envies glissés derrière les paupières, caresse lointaine et soufflée comme un petit nuage glissant, surfant le ciel.
J'aimerais qu'un jour il m'emmène écouter les Gnossiennes dans des arènes ventées qui n'existeraient que pour l'occasion, laisser tomber ma tête aux yeux fermés sur son épaule d'homme sûr. Sentir la douceur de ses doigts quand ils se croisent sur les miens. Imaginer la chaleur de son corps après, au retour, quand dénudé, il frôlera mon ventre comme la première fois, tremblante et bouillante. Enlacer ses baisers avec ma langue pour envelopper la sienne. Et laisser aller mon sexe chaud contre le sien, grandit de désir...
Mince, alors, je me suis trompée d'introduction. C'était le début d'un vieux papier, mais je trouve que c'était joli, alors tant pis je ne recommence pas.
Vous vous souvenez sans doute, ces moments d'égarements que j'avais souvent par le passé (Je ne sais pas où est ma place sur la photo, pas de place parmi les autres, etc, etc ...) Et vous vous souvenez sans doute comment je les égarais au plus vite.
Sur ma moto.
Alors, quand j'ai senti monter le satané vent "gorge nouée" sur mes hauteurs, j'ai un peu larmoyé, et puis, je me suis dit que non, non je ne peux plus revivre encore et encore les mêmes questions. Cette "posture personnelle" qui me fait parfois imaginer que je suis un truc qui ne sert à rien sur cette terre, je ne veux pas la cultiver. Elle se fend d'une visite furtive par moment, bien moins que par le passé, mais elle tente toujours une intrusion, la garce.
Alors ce matin, armée de mon sourire endimanché et d'une envie de bouffer de la vie, c'est avec mon fidèle destrier que je suis (re)partie à ma rencontre. Deux tranches de pain grillé dans le sac à dos, une bouteille d'eau, l'appareil à photos, celui à musique, et en sortant la moto de chez moi, j'ai fait plouf-plouf, droite ou gauche ?
Je suis partie par la gauche, puisque de toutes façons, d'ici, toutes les routes mènent à une montagne, j'ai aujourd'hui emprunté celle de l'Oisans, direction l'altitude pour un peu de fraîcheur, et aussi pour voir les choses d'en haut. Ça repositionne toujours de regarder ce qui se passe autour en baissant les yeux, je trouve.
On passe notre temps à regarder vers le haut. A la danse on nous dit de lever le menton et de regarder haut. Dans la vie on nous dit de voir loin, d'avoir des ambitions. Dans le quotidien, pour affronter tous les coups bas, la seule issue c'est le regard haut, toujours redresser la tête. En moto, pour tenir l'équilibre, pas de secret, le regard doit porter loin, loin devant.
J'avais envie de courber le dos doucement, juste une journée, baisser les yeux, les reposer, ne plus penser à ce truc qui ne sert à rien. Mais bien pour m'enrichir de ce que je verrai en bas, tout en bas, alors je suis montée, sans savoir où j'allais, là-haut ...
D'abord traverser cette sinistre vallée de la romanche où chaque fois, devant cette maison glauque, je me repasse des scènes du film de Kassovitz, "les rivières pourpres". Vallée, austère et grise, qui ne provoque chez moi qu'une envie, la traverser vite.
Et je suis arrivée là, avec un sourire, en me disant que ce serait vraiment bienvenu de croiser le magicien ...
De ce tout petit coin de nature, joli et calme, j'ai parcouru l'échine de la montagne qui menait encore plus haut, un village nommé Villars Reculas. Alors comme j'aime bien les signes, je me suis dit que je devais continuer, histoire de na pas reculer, encore une fois. Et au détour d'une micro route, pas de celles où tu roules à 200 c'est clair, une de celles qui inspirent l'humilité au contraire, j'ai trouvé un banc, tout seul, comme ça, alors j'ai décidé de me poser un moment.
On peut noter que je me gare maintenant, en côte et en terrain gravillonneux !
voilà maintenant on peut plonger le regard, courber le dos, enfin, et respirer, avec le ventre, loin dedans, on est tout petit là au milieu ...
Se dire que oui, on est parfois un truc qui sert à quelque chose, il sert à ressentir, et à essayer de transmettre ...
Bon, comme les nuages commençaient sérieusement à se transformer en vent de pluie, je me suis dit que me retrouver coincée dans la montagne avec l'orage, bof.
jamais bien bon sur la montagne ce paquet de coton accroché là ! Mais pour une fois, je ne ramasserai pas les sacs d'eau, ils sont tombés quand la moto a été rangée.
Alors j'ai repris ma route, toute petite route, j'ai croisé quelques cyclistes, et deux randonneurs, mais le calme était de mise, jusqu'à ...
Jusqu'à ce que j'arrive dans un tout petit hameau, Huez. A la sortie de ce village si tu files à gauche tu montes à l'Alpe d'Huez, si tu repars à droite, tu rejoints Bourg d'Oisans. J'ai eu envie de revoir cet endroit où j'étais tant allée skier, plus jeune, mais que je n'avais pas revu depuis au moins 10 ans. Alors feu pour l'Alpe.
Feu, c'est vraiment ça !
Incroyable transition entre mes vertes prairies alpestres et ce col à crever si t'es en biclou. Serieusement ils sont fous les deux roues sans moteur de grimper ce col, ou alors ils se droguent, mais franchement, sans moteur, tu peines !
Bref, j'ai doublé plein, plein de biclous, mais j'ai
commencé à me faire doubler aussi par des allumés en deux roues à
moteur. Deux fois de suite des gars m'ont fait l'intérieur en posant le
pied par terre (t'imagine ça dame de K ???) ... Là je me suis dit,
tiens des kékés qui se prennent pour des supermotards, puis des bolides
du genre R1, CBR, GEX. Des avions de chasse, donc. Et moi toujours dans
mon trip je me (re)trouve, (re)centre, je roule tranquille, j'observe,
je salue, j'arrête pas de saluer, j'en ai des crampes dans le poignet
de saluer. Mais que font ils tous ici ? Concentration ? Course ?
Haaaaa ! Mais c'est quoi ce zouave couché au milieu de la route ?
*clic*
Ho, je viens de me faire prendre en photo !
Bon je continue, j'arrive à l'Alpe, le ciel est de plus en plus noir, et je commence à avoir mal aux fesses, à mes tendinites, au poignet, bref, je commence à être une vieille toute pourrie, alors hop, demi-tour, je rentre avant la pluie.
*clic*
Et encore une photo, mais là cette fois je m'arrête
vers le gars en lui demandant pourquoi il me prend en photo, serait-il
déjà amoureux ?
Ha ha ha, on rigole, mais non en fait et c'est ballot. Lui, il prend tout le monde en photo, et après tu vas acheter sur le net. Un peu comme les enfants à la plage avec le château-trou de sable qui sont pris en photo 50 fois par jour, sauf que là c'est dans des virages sur la route où on roule ! Et il prend tout le monde en photo, parce que ce n'est rien moins que le championnat de France Supermotard que je viens de louper, voilà, voilà ...
Alors comme finalement on n'est pas là pour pleurer, que je me sens généreuse avec vous, qu'en plus il n'y a pas foule en ce moment sur les ondes, que bientôt je serai en vacances, je fais cadeau des *clic*, mais je vous laisse me trouver, je ne vous dis rien ...
Sauf que, je n'ai pas de passager, ma moto à moi elle a 2 roues et pas 4, je ne pose pas le genou par terre parce que je n'ai pas envie de trouer mes jean's neufs, je ne me prends pas pour Chips, ni pour Johnny, c'est la page 19, et j'apparais 2 fois, une fois je monte, une fois je descend (et si j'ai deux doigts sur la poignée de frein, ce n'est pas que je suis lâche, c'est que je m'arrête vers le beau photographe, je préviens avant que des mauvaises langues viennent me dire un truc désobligent) ... Voilà, enjoy !
Et le fond sonore de ces derniers jours, je vous l'offre aussi, c'est Satie et ses gnossiennes.